Briser 5 mythes habituels concernant la 5G
Quand le secteur parle de la 5G, cela suscite un certain niveau d’excitation et d’optimisme concernant ce qu’elle pourra apporter. Toutefois, en même temps que cette euphorie, une certaine confusion s’installe entre ce qui est réel et ce qui relève plutôt du mythe. Brian Lavallée de Ciena examine cinq de ces mythes les plus courants, les brise et présente ce que nous verrons probablement sur le marché.
Cet article a été publié initialement dans RCR Wireless.
1. Avec la 5G à l’horizon, la 4G est morteCet abandon souvent annoncé de la 4G n’est pas vrai et en réalité, nous avons encore plusieurs années de croissance de la 4G, avec plusieurs millions de nouvelles connexions encore prévues pour ce réseau.
Quand la 5G commencera à être déployée, elle se concentrera probablement sur un groupe restreint de pays comme les États-Unis, la Corée du Sud, la Chine, le Japon et l’Inde. Nous ne dirons cependant pas adieu à la 4G avant longtemps. En fait, la 5G n’a jamais visé à remplacer la 4G, contrairement à la 4G qui devait remplacer la 3G (mais ne l’a jamais vraiment fait). Quand la 5G sera déployée, la 4G et ses multiples variantes continueront à jouer un rôle clé sur le réseau, particulièrement pour des applications et des cas d’utilisation moins gourmands en bande passante. Cela veut dire que les opérateurs doivent se préparer pour la 4G d’aujourd’hui et pour la 5G de demain, car les deux coexisteront et partageront les mêmes ressources sur le réseau dans un avenir prévisible.
Prévision d’adoption de la 5G de 2020 à 2015 (source : GSMA)
2. La 5G vise avant tout des téléchargements plus rapidesIl n’y a pas de doute : des débits de téléchargement supérieurs constituent un élément important de la 5G qui suscite le plus d’excitation chez la plupart des gens. Toutefois, un aspect tout aussi important est le fait que la %G offrira un délai de transit divisé par 10 au maximum, par rapport à la 4G. C’est cette combinaison de débits de transfert accélérés et de délai de transit réduit qui ouvre la voie vers de nouveaux cas d’utilisation, tels que la réalité augmentée et virtuelle.
Souvenez-vous de vos appels à l’étranger par satellite : tout le monde s’interrompait à cause de ces insupportables délais. Bientôt, le délai de transit (ou son absence) que l’on obtiendra avec la 5G permettra de communiquer en quasi temps réel, rendant ainsi possible de nombreuses nouvelles applications et utilisations. Parmi les exemples, on trouve les voitures autonomes à pilotage automatique, les communications extrêmes en temps réel, telles que celles de très haute fiabilité requises pour les applications de télésanté.
En plus du raccourcissement du délai de transit, il existe l’avantage d’une disponibilité supérieure du réseau, ainsi que la garantie des performances réseau de bout en bout. Ceci est possible grâce à un concept appelé le découpage des réseaux, qui permet à un réseau unique d’être découpé afin que différents groupes de clients puissent bénéficier de différents niveaux de garantie des performances. Par exemple, les officiers de police, les pompiers et les services d’urgence illustrent parfaitement les avantages associés à un découpage du réseau. Les services d’intervention d’urgence ont actuellement leurs propres réseaux de communication vocale fermés, exclusifs et sur mesure. Ils n’utilisent pas le réseau mobile parce qu’après une catastrophe, tout le monde envoie des vidéos, des tweets et essaie d’appeler ses proches, ce qui ralentit énormément le réseau, voire fait décrocher le réseau au point qu’aucun appel ne passe : ce qui n’est pas ce que les services d’urgence souhaitent ! Grâce à un découpage des réseaux, les services d’intervention d’urgence seraient prioritaires sur un réseau en disposant du plus haut niveau de disponibilité possible, ce qui signifierait que, peu importe le nombre de personnes en même temps sur ces réseau, les appels des intervenants d’urgence seraient toujours acheminés.
3. Les normes de la 5G sont complètes et finaliséesMême s’il existe de nombreuses discussions sur les normes 5G, de nombreux essais et déploiements, ces normes ne sont pas encore définitives. Les premières normes se concentrent sur la 5G NR (New Radio), la partie qui communique avec les réseaux mobiles. Grâce aux premières spécifications de 5G NR récemment approuvées par le 3GPP, les premières offres commerciales devraient bientôt suivre. L’intégralité du back-end, qui aide à garantir les performances réseau de bout en bout, ne sera pas prête avant un moment.
Même quand toutes les normes seront finalisées, les opérateurs de réseau mobile prendront certainement leur temps pour commercialiser cette technologie, car ils voudront effectuer de nombreux tests et essais afin de minimiser les risques avant d’entreprendre des déploiements massifs à grande échelle, ce qui est parfaitement logique. Cela signifie que des services de réseau 5G de bout en bout normalisés et largement disponibles ne verront pas le jour avant un an, au mieux.
4. Des produits (ou appareils) 5G sont déjà disponiblesPuisque les normes de la 5G ne sont pas finalisées, il n’existe pas actuellement de « produits 5G » en tant que tels. Pour contourner cela, certains parlent de produits 4.5G (mieux que la 4G mais pas encore de la 5G), respectant les normes actuelles à l’état d’ébauche qui sont proposées aujourd’hui. Il est toutefois important de noter que l’on ne peut pas prétendre cela à manière crédible parce que si l’on construit quelque chose sur la base des normes actuelles, il reste possible que le produit ne soit pas capable de s’adapter, par exemple par mises à jour logicielles, quand les normes seront ultérieurement adoptées. Cela dit, à mesure que l’on se rapproche des normes finales de la 5G, le risque de ne pas pouvoir mettre les produits à jour est réduit.
5. Les réseaux filaires (fixes) n’ont rien à voir avec la 5GQuand les gens pensent aux réseaux sans fil, ils pensent automatiquement à leur smartphone. Le problème ? Ceci n’est qu’une partie de l’équation. Les smartphones communiquent par ondes, mais une fois que ces communications atteignent la station de base, c’est la fibre qui assure la reste du trajet. Par exemple, si vous êtes en train de diffuser une vidéo Netflix à partir d’un téléphone, la seule portion véritablement sans fil se produit entre vous et la station de base. À partir de là, jusqu’au data center, le réseau de téléphonie fixe est principalement optique et par paquets. Cela veut dire que, même si vous avez les meilleures performances au monde, si votre réseau de téléphonie fixe vous reliant à votre data center n’est pas performant, les performances de bout en bout en pâtiront, Par conséquent, les réseaux de téléphonie fixe sont autant impliqués dans la 5G que le réseau sans fil et dicteront en fin de compte les performances du réseau de bout en bout que les utilisateurs expérimenteront.
Comment avancer à partir de là ?Établir une infrastructure pour soutenir la 5G est une entreprise majeure. On s’attend à ce que plusieurs années soient nécessaires avant que les opérateurs fassent passer l’essentiel de leur réseau vers la 5G.
Toutefois, cela ne signifie pas que les opérateurs doivent attendre avant de planifier pour la 5G. Tandis que les opérateurs de réseau mobile continuent de faire évoluer leurs réseaux pour poursuivre l’adoption de la 4G, qui servira de fondation aux futurs déploiements de la 5G, il est essentiel de prendre en compte les exigences en matière de performance pour la 5G pour éviter les scénarios coûteux et lents de remplacement pur et simple. Les réseaux 4G et 5G coexisteront dans un avenir prévisible et partageront la même infrastructure de réseau de téléphonie fixe, entre les stations de base et à destination/en provenance des data centers, où est hébergé le contenu. Cela signifie que pour commencer à préparer l’avenir de la 5G, les opérateurs réseau doivent séparer la réalité de la fiction, dès maintenant.